Le monde veut encore ignorer cette menace quasi inévitable que font planer le
dollar et la bombe de la dette américaine sur la stabilité globale. Cette crise, dont on veut minimiser la gravité, est pourtant la forêt que l’arbre européen ne peut plus cacher. C’est
en substance ce qu’annonce Myret Zaki, rédactrice en chef du magazine économique suisse Bilan, dans son livre « La fin du dollar ».
Un krach du billet vert se prépare. Il est inévitable. Le principal risque planétaire actuel, c’est une crise de la dette souveraine américaine. La plus grande économie du monde n’est
plus qu’une vaste illusion. Pour produire 1 dollar de richesse, elle a besoin de 6 dollars de dette. Face à leur 14’000 milliards de PIB, les Etats-Unis affichent plus de 50’000
milliards de dette totale, qui coûte au gouvernement, aux entreprises et aux ménages 4’000 milliards d’intérêts par an. Et l’écart entre dette et PIB se creuse encore. La situation des
déficits américains est intenable.
Les Etats-Unis sont, techniquement, en
faillite
Le Gouvernement américain ne pourra en aucun cas remplir ses engagements de sécurité sociale et de santé en dollars courants, ni garantir sa dette extérieure à la valeur actuelle. Ce
n’est plus qu’une question de temps avant que nous assistions à l’éclatement de la gigantesque bulle de la dette du dollar. L’amorce d’une « guerre des monnaies » à
l’échelle mondiale mais aussi la crise de la dette souveraine en Europe n’étaient que les signes avant-coureurs de la vraie crise, celle de la dette souveraine américaine.
L’ère du dollar prendra fin rapidement. La crise pourrait éclater après l’élection américaine de 2012. Ce qui est certain, c’est que la monnaie américaine va déchoir de son statut
exceptionnel, qu’elle ne peut plus tenir, au profit d’un ordre mondial post-dollar.
Manipulation des chiffres américains
Non seulement les chiffres officiels américains ne justifient plus la notation AAA de la dette nationale, mais ils sont en dessous de la
réalité : les statistiques américaines – PIB, inflation, taux de chômage – sont fausses et manipulées d’après nombre d’experts critiques.
Ainsi, le PIB américain serait de 30% en dessous de ce qui est publié, simplement parce qu’entre 2007 et 2009 la dette nationale américaine a gonflé d’un peu plus de 4’000 milliards de
dollars, qui auraient essentiellement servi à « boucher le trou » du PIB.
Le calcul de l’inflation sous-estime fortement cette dernière, si l’on sait que la méthode de calcul a été largement modifiée après 1980, puis une nouvelle fois après 1990. Suivant la
méthode de calcul de 1980, l’inflation totale aux Etats-Unis est de 8,5% fin 2010, contre 1,14 officiellement.
Les taux de chômage serait, lui aussi, largement sous-évalué. En réintégrant la masse de travailleurs découragés non pas seulement à court terme mais aussi à long terme le taux était,
en réalité, de 22,4 % en décembre aux Etats-Unis, proche de celui atteint lors de la Grande Dépression (25%).
Le bilan de la Réserve fédérale a plus que triplé en trois ans, alors qu’il avait été stable, et sans risque,
depuis sa création en 1913. Les risques de taux et de liquidité que court la Fed en raison des actifs sur son bilan peuvent aboutir à une perte de son indépendance
opérationnelle.
Le bilan de la Réserve Fédérale pose un risque élevé au système financier mondial. Car les actifs toxiques de Wall Street n’ont pas simplement disparu : ils reposent à présent au
cœur du système financier américain, dans le bilan de la Fed. Celle-ci a vu la taille de son bilan passer de 800 milliards avant la crise à 2’200 milliards mi-2009 et sans doute 2’900
milliards en juin 2011. Alors que le bilan de la Fed avait faiblement varié depuis 1913, voilà qu’en moins de 3 ans, il triple de taille à la suite du rachat précipité de quantités
phénoménales d’actif illiquides aux banques, mais surtout à Fannie Mae et Freddy Mac. Ces deux agences hypothécaires semi-étatique étaient au bord du défaut en 2009, un scénario que
la Chine, leur principale créancière, n’aurait pas accepté. De sorte que près de 1’300 milliards représentent des hypothèques titritisées de piètre qualité, soit plus de la moitié de
son bilan. Les 800 milliards restants représentent des bons du Trésors.
Un tel bilan place la Fed devant un risque croissant de recapitalisation par le Trésors, scénario qui la verrait perdre son indépendance opérationnelle. En effet, la Fed prend le
risque de pertes élevées sur ses positions toxiques et aussi sur ses bons du Trésors à maturités longues, qui pourraient s’effondrer si les banques centrales étrangères réduisent
leurs achats. Dans un tel cas, la Fed pourrait vite consommer toutes ses réserves de fonds propres, ce qui pour une banque ordinaire serait synonyme d’insolvabilité.