La littérature, le cinéma, la télévision, la musique et même la bande dessinée, ont popularisé le sud des
États-Unis et ont fait revivre sous nos yeux planteurs en redingote, cavaliers à dolman gris et femmes séduisantes en robes à crinoline, le tout sur fond de colonnades blanches et de magnolias
fleuris.
Ce Deep South conservateur, tout à la fois dynamique et langoureux, refusa un temps la normalisation voulue par Washington, laquelle déboucha sur une terrible guerre civile, la guerre de
sécession.
Les paysages et l’histoire, ainsi que les peuples qui les habitent et qui la font, sont étroitement imbriqués, indissociables, mêlant à chaque coin de rue, à chaque instant, passé et présent dans
des paysages somptueux, que ce soit dans les deux Caroline, en Alabama, au Tennessee, en Virginie ou en Géorgie, pour ne citer que ces seuls États. Tout à la fois ouvrage historique, chronique
contemporaine et guide touristique, cet abécédaire du Sud profond est une pressante invitation au voyage. Alors, tournez les pages, laissez vous porter par la petite musique des mots et… bouclez
vos valises !
Jean-Claude Rolinat, élu local dans la France profonde,
successivement cadre administratif, documentaliste et journaliste aimant parcourir le monde et découvrir ses curiosités, a déjà publié huit ouvrages.
« Ballade au pays de Scarlett »
Cinq questions à Jean-Claude Rolinat
–
Quelle est l’ambition de cette « Ballade au pays de Scarlett » ?
– Au risque de paraître prétentieux, j’écris les livres que j’aurais aimé lire… D’autre part,
s’agissant de celui-ci, j’ai dû aller onze ou douze fois aux Etats-Unis, plus
particulièrement dans le Sud et, à chaque voyage, je sentais monter en moi l’irrésistible
envie de « témoigner », d’inciter les gens à venir admirer des paysages autres que les
merveilleux mais classiques décors de l’Ouest, sentir la geste, l’épopée d’un peuple qui
résista de 1861à 1865 à l’énorme machine de guerre nordiste… De plus, dans nos
milieux, il est de bon ton de confondre l’Amérique avec son gouvernement de faire de
sa pseudo intelligentsia le reflet frelaté du pays réel. Si le monde devait juger la France à
travers les chansonnettes de Carla Bruni… au secours ! Il ne faut donc pas confondre le
gouvernement fédéral de cette puissante thalassocratie forcément impérialiste qui, au
passage, ne se nourrit que de nos faiblesses, avec le peuple de l’Amérique profonde,
rurale, conservatrice, où les gens sont attachés, tout comme nous, aux simples valeurs
traditionnelles. Et puis « les forts en gueule » de l’anti-américanisme primaire, sans
discernement, sont souvent les mêmes qui, jadis, étaient pétrifiés de trouille face aux
chars soviétiques, bien contents alors d’avoir les GI’s de l’Oncle Sam présents en
Europe. Cela étant dit, les temps ont changé, j’en suis bien conscient.
J’espère que l’achat de ce livre poussera plus d’un lecteur à boucler sa valise et à atterrir à
Atlanta, à la Nouvelle Orléans, à Memphis ou à Nashville car, tout en étant un petit
ouvrage historico-politique, c’est aussi surtout et avant tout, un guide touristique.
–
L’Amérique telle que vous nous la décrivez est loin de ressembler aux modèles des séries télé
– L’Amérique est à elle seule un condensé du monde entier : toutes les ethnies de la
terre s’y côtoient. Toutefois, les Etats du Sud font entendre leur petite musique
particulière. Sans doute parce que c’est là que la vieille Europe et sa civilisation
survécurent le plus longtemps. Et puis la nature, je ne vous dis que ça ! Des chênes d’où
pendent comme des guirlandes de Noël la mousse espagnole, la vigne vierge qui part à
l’assaut des fils électriques, des torrents bondissants et des chutes d’eau spectaculaires
(c’est là qu’ont été tournés par exemple des films tels que
Le Dernier des Mohicans
ou
Délivrance
), des magnolias fleuris, des marais aux eaux noires comme la stout
irlandaise où
les alligators ne dorment que d’un oeil… Les paysages et l’histoire, ainsi que les peuples
qui les habitent et qui la font, sont étroitement imbriqués, indissociables, mêlant à
chaque instant, à chaque coin de rue, passé et présent. Malgré la malédiction de
l’esclavage ou à cause de lui, Noirs et Blancs qui, comme l’huile et l’eau ne se mélangent
guère, sont toutefois parties prenantes de ces Etats américains à part entière et
entièrement à part, inséparables, comme les bandes zébrées du célèbre mammifère
africain. Quant au « vide culturel » que vous évoquez, il suffit de franchir les portes de
n’importe quel musée des villes du Sud pour tordre le cou à cette rumeur…
–
Parmi les multiples sujets historiques vous traitez de Napoléon III et des Sudistes. Pourriez-vous
– L’empereur Napoléon III, qui vérifiait ce que Tocqueville avait pressenti une ou deux
décennies avant lui, voulait contenir sinon contrecarrer cette puissance émergente. Ce
qui explique qu’il souhaita jouer un rôle d’arbitre dans le conflit entre les Etats qui,
quelque part, l’arrangeait bien dans sa tentative de mettre un prince européen sur le
trône du Mexique. Il informa le représentant de la Confédération, Sidell, qu’il espérait
obtenir une suspension des hostilités. Une façon pour lui d’afficher ses préférences
sudistes. Mais l’Angleterre ne suivit pas la France, la Russie non plus. Alors il
abandonna. Le gouvernement de l’Union s’en souviendra, en soutenant ouvertement
Juarez contre Maximilien que Napoléon III avait imposé comme Empereur aux
Mexicains. On connaît la suite…
–
Question guide touristique vous nous indiquez, parmi les perles du Sud, une petite ville du nom de
– À elle seule la petite cité de Madison en Georgie, située sur l’
Interstate 20
à l’est
d’Atlanta, même si elle n’a pas l’ampleur de la somptueuse Savannah ou de la
nonchalante et élégante Charleston, est la quintessence des villes du Sud : maisons
antebellum
de style victorien, antiquaires et végétation rafraîchissante. Et puis, c’est une
des rares agglomérations qui échappa à la fureur de ce pyromane de général Sherman
dans sa marche vers la mer…
–
S’il n’y avait qu’un livre d’écrivain du Sud à citer – hormis Margaret Mitchell – quel est celui que
– Disons deux ou trois… Puiser au hasard dans l’oeuvre de Faulkner bien sûr, avec son
récurrent et mythique comté de Yoknapatawpha qui pourrait bien être celui d’Oxford
où il vivait dans le Mississippi, sans oublier non plus Vladimir Volkoff avec ses
Nouvelles
américaines
ainsi que Dominique Venner avec Le Blanc Soleil des Vaincus car, après tout,
the
South gonna rise again
Propos recueillis par Catherine Robinson