Prix conseillé :
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EUR 22,00
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Prix :
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EUR 20,90
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Paru pour la première fois en
1973, Le Camp des Saints est
un roman qui anticipe une situation aujourd'hui plausible et une menace dont l'éventualité ne paraît plus
invraisemblable à personne : il décrit l'envahissement pacifique de la France, puis de l'Occident, par le tiers monde devenu multitude. A tous les
niveaux, conscience universelle, gouvernements, équilibre des civilisations, et surtout chacun en soi-même, on se pose la question, mais trop tard : que faire ?
Que faire, puisque nul ne saurait renoncer à sa
dignité d'homme au prix d'un acquiescement au racisme? Que faire, puisque dans le
même temps, tout homme — et toute nation — a le droit sacré de préserver ses différences et son identité au nom de son avenir et au nom de son passé? Notre monde s'est formé dans une extraordinaire diversité de cultures et de races qui n'ont pu se développer, souvent jusqu'à l'ultime et particulière perfection, que par une nécessaire ségrégation de fait. Les affrontements qui en découlent et qui en ont toujours découlé ne sont pas des affrontements racistes, ni même des affrontements raciaux. Ils font simplement partie du mouvement perpétuel des forces qui s'opposent et forgent ainsi l'histoire du monde. Les faibles s'effacent puis disparaissent, les forts se multiplient et triomphent.
L'expansionnisme occidental, par exemple, depuis les
croisades et les grandes découvertes terrestres et maritimes jusqu'à l'épopée coloniale et ses ultimes combats
d'arrière-garde, obéissait à des motifs divers, nobles, politiques ou mercantiles, mais où le racisme ne tenait aucune part et ne jouait aucun rôle, sauf peut-être chez les âmes viles. Le rapport
des forces était en notre faveur, c 'est tout. Qu 'il s 'appliquât le plus souvent aux dépens d'autres races —
encore que certaines en furent sauvées de leur engourdissement mortel — n 'était qu 'une conséquence de notre appétit de conquête et non
pas un moteur ni même un alibi idéologique. Aujourd'hui que le rapport des forces s'est diamétralement inversé et que notre vieil Occident, tragiquement minoritaire sur cette terre, reflue
derrière ses murailles démantelées en perdant déjà des batailles sur son propre territoire et commence à percevoir, étonné, le vacarme sourd de la formidable marée qui menace de le submerger, il
faut se souvenir de ce qu 'annonçaient les anciens cadrans solaires : « il est plus tard que tu ne crois... » Cette dernière référence n 'est pas venue sous ma plume. Elle fut écrite par Tnierry Maulnier,
justement-à propos du Camp des Saints. Qu'on me pardonne d'en citer une autre, du professeur Jeffrey Hart, de !'université de Princeton, chroniqueur littéraire et célèbre
columnist américain : « Raspail is not writing about race, he is writing about civilization ... »
Au demeurant, le Camp des Saints est un livre symbolique, une sorte de
prophétie assez brutalement mise en scène avec les moyens du bord mais au rythme de l'inspiration, car si un livre me fut un jour inspiré, je le confesse, ce fut exactement celui-là. Où
diable aurais-je autrement puisé le courage de l'écrire ? De ce travail de dix-huit mois j'étais d'ailleurs sorti méconnaissable, si j'en juge par la photo au revers de la jaquette de la première
édition de 1973 : un visage épuisé portant dix ans de plus que l'âge que j'ai aujourd'hui et le regard de quelqu'un qu'ont tourmenté trop de visions. Et cependant, ce qui ressortait à ma
véritable nature dans ce livre, c'était justement le gros humour qu'on y trouve également, une bonne humeur de dérision, le comique sous le tragique, une certaine dose de bouffonnerie comme
antidote à l'apocalypse. J'ai toujours soutenu qu'en dépit de son sujet le Camp des Saints n 'était pas un livre triste et je suis reconnaissant à certains, à Jean Dutourd notamment, de l'avoir exactement compris : «Notre Occident
étant devenu un clown, sa tragédie finale pourrait bien être une grande bouffonnerie. C'est pourquoi ce livre terrible est au fond si comique... »
Pour en revenir à l'action du Camp des Saints, si elle constitue un symbole, elle ne
relève pas de l'utopie, elle ne relève plus de
l'utopie. Si prophétie il y a, cette prophétie, nous en vivons aujourd'hui les prémices. Simplement, dans le Camp
des Saints, elle est traitée comme une tragédie à l'ancienne, avec unité de temps, de lieu et d'action : tout se
joue en trois jours sur les côtes du midi de la France et là se scelle le destin du monde blanc.
Dans la réalité, bien que l'action fût déjà fortement engagée et justement
selon des mécanismes (boat people, radicalisation de la communauté maghrébine de France et des autres groupes allogènes, forte action psychologique des ligues humanitaires,
exacerbation de l'évangélisme chez les responsables religieux, faux angélisme des consciences, refus de voir la vérité en face, etc.) décrits dans le Camp des Saints dès 1973, le dénouement n'éclatera
pas en trois jours, mais presque certainement, après de nombreuses convulsions, dans les premières décennies du troisième millénaire, à peine le temps d'une ou deux générations. Lorsqu'on sait
ce que représente une génération aujourd'hui dans nos vieux pays d'Europe, génération-croupion à l'image de la famille-croupion et de la nation-croupion, on a le cœur serré d'avance et saisi de
découragement. Il suffit de se reporter aux effarantes prévisions démographiques pour les trente prochaines années, et celles que je vais citer nous sont les plus favorables : Cernés au milieu de
sept milliards d'hommes, sept cents millions de Blancs seulement, dont un tiers à peine et pas frais, très vieilli, sur notre petite Europe, face à une avant-garde de près de quatre cents
millions de Maghrébins et de musulmans, dont cinquante pour cent de moins de vingt ans, sur les rives opposées de la Méditerranée et précédant le reste du monde ! Peut-on imaginer une seconde et
au nom de quel aveuglement d'autruche la survie de ce déséquilibre ? Justement, à ce propos, le moment est venu d'expliquer pourquoi, dans le Camp des Saints, ce sont des masses humaines venues du
Gange lointain plutôt que des rives de la Méditerranée gui submergent le midi de la France. Il y a plusieurs raisons à cela. L'une tenait à une certaine prudence de ma part et surtout à mon refus
d'entrer dans le débat truqué du racisme et de l'antiracisme en France au quotidien présent, ainsi qu à ma répulsion à illustrer, au risque de les envenimer, des tensions raciales déjà
perceptibles mais pour le moment hors du sujet. Certes, une forte avant-garde se trouve déjà chez nous qui manifeste hautement l'intention d'y rester tout en refusant l'assimilation, et comptera
d'ici vingt ans au sein du peuple anciennement français plus de trente pour cent d'allogènes fortement «motivés». C'est un signe, mais ce n'est qu'un signe. On peut s'y arrêter. On peut même à
son propos mener quelques escarmouches tout en ignorant ou en feignant d'ignorer que le vrai danger n 'est pas seulement là, qu 'il est ailleurs, qu'il est à venir, et que par son ampleur il sera
d'une autre nature. Car j'ai la conviction qu 'à l'échelle planétaire tout se déclenchera comme sur un billard où se télescopent des boules qui se mettent en marche les unes après les autres à
partir d'une pulsion initiale qui pourrait prendre naissance dans tel ou tel de ces immenses réservoirs de misère et de multitude, comme là-bas, du côté du Gange. Cela ne se passera probablement
pas tout à fait comme je l'ai décrit, car le Camp des Saints n 'est qu 'une parabole, mais au bout du compte le résultat ne sera pas différent, peut-être sous des formes plus diffuses et
apparemment plus tolérables. L'empire romain n 'est
pas mort autrement, à petit feu il est vrai alors que l'on peut s'attendre cette fois à un embrasement soudain. On dit que l'histoire ne se répète jamais. C'est une énorme ineptie. L'histoire de
notre planète n 'est faite que de vides successifs et de ruines que d'autres sont venus combler tour à tour et quelquefois régénérer.
Car l'Occident est vide, même s'il n 'en a pas encore et
véritablement conscience. Civilisation extraordinairement inventive, certainement la seule à être capable de relever les insurmontables défis du troisième millénaire, l'Occident n 'a plus
d'âme. A l'échelle des nations, des races et des cultures, comme à celle de l'individu, c 'est toujours l'âme qui gagne les combats décisifs. C'est elle et elle seule qui forme la trame d'or et
d'airain dont sont faits les boucliers qui sauvent les peuples forts. Je ne distingue plus guère d'âme chez nous. A regarder par exemple mon propre pays, la France, il me vient souvent
l'impression, comme dans un mauvais rêve éveillé, que bien des Français « de souche», aujourd'hui, ne sont plus que des bernard-l'ermite qui vivent dans des coquilles abandonnées par les
représentants d'une espèce à présent disparue, qui s'appelait l'espèce française et n'annonçait en rien, par on ne sait quel mystère génétique, celle qui s'est en cette fin de siècle affublée de
ce nom. Ils se contentent de durer. Ils assurent machinalement leur survie à la petite semaine et de plus en plus mollement. Sous les bannières d'une solidarité interne et «sécurisante»
illusoire, ils ne sont plus solidaires de rien, ni même conscients de rien de ce qui constitue l'essentiel fond commun d'un peuple. Sur le plan pratique et matérialiste qui seul peut encore
allumer une lueur d'intérêt dans leur regard envieux, ils forment une nation de tout petits bourgeois qui s'est payée et se paye encore en pleine crise, au nom d'une richesse héritée et de moins
en moins méritée, des millions de domestiques : les immigrés. Ah ! comme ils vont trembler ! Les domestiques ont d'innombrables familles en deçà et au-delà des mers, une seule et famélique
famille qui peuple toute la terre. Spartacus à l'échelle planétaire... Pour ne citer qu 'un exemple parmi cent, la population du Nigeria, en Afrique, compte près de soixante-dix millions
d'habitants que ce pays est incapable de nourrir puisqu 'il consacre plus de cinquante pour cent de ses revenus pétroliers à l'achat d'aliments. A l'aube du troisième millénaire, il y aura cent
millions de Nigérians et le pétrole sera tari.
Mais le tout petit bourgeois sourd et aveugle reste bouffon sans le savoir.
Encore miraculeusement à l'aise dans ses grasses prairies d'Occident, il crie en louchant sur son plus proche voisin : «Faites payer les riches ! » Le sait-il seulement, mais enfin le sait-il!
que le riche c'est précisément lui, et que ce cri de justice, ce cri de toutes les révoltes, hurlé par des milliards de voix, c'est contre lui et contre lui seul que bientôt il s'élèvera. C'est
tout le thème du Camp des Saints.
Alors, que faire ? Je suis romancier. Je n 'ai pas de théorie, pas de système ni d'idéologie à proposer ou à défendre. Il me semble seulement qu 'une
alternative se prprésente à nous : apprendre le courage résigné d'être pauvres ou retrouver l'inflexible courage d'être riches. Dans les deux cas, la charité dite chrétienne se
révèlera impuissante. Ces temps-là seront cruels.
Jean Raspail
Le Camp des Saints en video + entretient avec Jean Raspail
:
http://www.youtube.com/watch?v=1qzmQjemLTA
http://www.youtube.com/watch?v=PKd0imQj1uE
http://www.youtube.com/watch?v=MiVgho24z7g
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