Ambassadeur de la République de Serbie en France
Bataković écrit notamment sur la question du Kosovo d’hier et d’aujourd’hui, sur les relations serbo—albanaises durant les siècles derniers, sur les origines du nationalisme balkanique, le rôle de l’armée, les sources de la démocratie en Serbie et l’impact du communisme sur la région yougoslave. Il donne des conférences dans plusieurs universités européennes et américaines et participe aux colloques internationaux, en France et ailleurs. Il est aussi l’auteur d’une série documentaire télévisée Crveno doba (l’Époque rouge) traitant les crimes des communistes yougoslaves en Serbie et au Monténégro, en tant que livre noir du communisme télévisé.
Opposant au régime de Milošević, président du Conseil des changements démocratiques (1998-2001), Bataković fut nommé en janvier 2001 l’ambassadeur de la République fédérale de Yougoslavie (depuis 2003 Serbie et Monténégro) dans la République hellénique. Dès son retour de Grèce en 2005 il fut nommé conseiller du Président de la République de la Serbie. En tant qu’expert pour la question du Kosovo, il fut élu en novembre 2005 membre de l’équipe de négociations serbe sur le statut futur du Kosovo, dans le cadre de l’ONU à Vienne. En juillet 2007 il fut désigné l’ambassadeur de la Serbie au Canada, et en janvier 2009 l'ambassadeur de Serbie en France. Il est venue en France le 27 mars 2009 et a présenté ses lettres de créances le 3 juillet 2009.
Il est auteur des dizaines de livres dont en français : Kosovo. La spirale de la haine, Lausanne: L'Age d'Homme 1993 (deuxième édition 1998) ; La Yougoslavie : nations, religions, idéologies, Lausanne: L'Age d'Homme 1994 ; Histoire du peuple serbe (sous la direction), Lausanne: L’Age d’Homme 2005 ; Kosovo. Un conflit sans fin? Lausanne: L'Age d'Homme 2008.
Le second ouvrage est totalement différent, mais tout aussi intéressant. Le jeune historien et géographe serbe Dusan Batakovic livre sa vision du problème du Kosovo dans un petit livre intitulé Kosovo. La spirale de la haine. Il présente une vision serbe de la crise du Kosovo. Mais cette vision n’est pas la même que celle de Slobodan Milosevic ou de l’Académie des sciences de Belgrade. Certes, l’auteur aurait du mal à faire partie du fameux "trio infernal des amoureux de la liberté" cité plus haut. Mais il n’empêche ; son travail d’historien mérite que l’on si attarde, et même avec attention. Batakovic n’est pas un militant nationaliste. C’est un historien qui présente des faits indiscutables et trop souvent inconnus. En effet, par un curieux mode de pensée, les élites occidentales confondent souvent les dirigeants serbes et les populations de Serbie. Un glissement dangereux de ce genre avait déjà eu lieu durant la Seconde Guerre mondiale. La politique stalinienne avait alors culpabilisé l’ensemble du peuple allemand. C’est oublier que, de 1933 à 1939, les camps de concentration étaient remplis de citoyens allemands. Bref, toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire sur le Kosovo. Rien que le nom fait problème. En effet, pour les Serbes il s’agit du Kosovo-Métochie. Métochie veut dire en grec, propriété ecclésiastique. La région administrative aujourd’hui à la une d’une tragique actualité est en réalité divisée en deux régions géographiques, le Kosovo à l’ouest, la Métochie à l’est. Pour les Albanais, la Métochie est dénommée Doukadgin. L’histoire du Kosovo n’est pas aussi simpliste, voire manichéenne, que le voudraient les piètres stratèges de Washington. L’historienne britannique Miranda Vickers l’avait déjà explicité dans son ouvrage Between Serbs and Albanians ; a history of Kosovo que nous avions présenté dans ces colonnes il y a quelques mois. L’histoire du Kosovo, c’est aussi le flux et le reflux des populations albanaises et serbes dans cette région. Deux peuples pour une même terre. Ce refrain est connu du côté de Jérusalem et d’ailleurs. A chaque fois que le mouvement national albanais est fort, les Serbes quittent la région qui fut un temps le berceau médiéval de la Serbie. A chaque fois que le pouvoir centralisateur de Belgrade en a eu les moyens, il a chassé et/ou laissé partir les Albanais. Sans remonter aux Illyriens, à Alexandre le Grand ou à l’empereur Dusan, les racines de la tragédie actuelle datent des années 1945-48. A l’époque, Tito aurait pu facilement faire du Kosovo la septième république de la Fédération socialiste yougoslave. Mais il pensait que le Kosovo serait sa tête de pont pour annexer l’Albanie à sa Fédération. Une partie des communistes albanais y étaient favorable et Staline avait dit à une délégation yougoslave venue à Moscou au lendemain de la guerre que Tito pouvait "avaler" l’Albanie. Mais, entre temps, les deux maréchaux se sont brouillés et le Yougoslave a cru que ce même Kosovo allait devenir la tête de pont des kominformistes, c’est-à-dire des Albanais fidèles à Staline. C’est ainsi qu’une chance unique fut perdue.
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