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De la Toussaint Rouge à l’Exode qui les rejettera loin l’un de l’autre, ils affronteront ensemble les pires épreuves, connaîtront la colère et l’espérance, l’amour et la haine, la bravoure et la trahison avec, sur cette tranche d’Histoire, des regards souvent différents. L’auteur s’est inspiré de sa propre histoire. Les personnages évoqués existent ou ont existé, les plus célèbres étant cités sous leurs noms véritables car les faits auxquels ils sont associés ont réellement eu lieu… Cette « saga » qui n’élude pas les vérités politiques devrait contribuer à une meilleure connaissance du petit monde des « pieds-noirs » (une appellation que l’auteur réfute, lui préférant le terme que les Algériens utilisent : roumi).
Jean Taousson : “Adieu Roumi”
L’Autant en emporte le vent de l’Algérie française
Nous avions eu Paul et Kader (Editions Télémaque), l’excellent roman de Norbert Multeau qui, pour la toute première fois, allait outre les textes sur les événements et se dégageait d’une nostalgérie (par ailleurs respectable), pour raconter à la façon d’un Pagnol l’histoire de deux gamins du bled. Des Tom Sawyer et des Huckleberry Finn de « chez nous ».
Eh bien, la bonne nouvelle de cette fin d’année, c’est le volumineux ouvrage (près de 500 pages) de Jean Taousson, préfacé par Pierre Lagaillarde : « Un très petit nombre d’hommes, à mes côtés, osèrent prendre les armes pour lutter contre les reniements, la trahison. Jean Taousson, capitaine courageux, était l’un d’eux. Il sera toujours mon ami. »
Un mot de plus de Jean Taousson qui se trouve être aussi mon ami. Il est né le 30 juin 1930 à Alger. Reporter à L’Echo d’Alger (1950-1961), il fut le correspondant particulier de Paris-Presse et de L’Intran (1955-1960). Après l’Exode, il devint grand reporter à Paris- Match (1963-1978). Il fut l’un des hommes-clefs de la résistance Algérie française.
Sous le titre de son livre, Adieu Roumi (un terme qu’il préfère au galvaudé « pied-noir »), on peut lire : « Récit ». C’est beaucoup plus que ça. Un roman. Une approche autobiographique in disguise comme disent les Américains. Une oeuvre de piété filiale. Et ceux qui connaissent les choses derrière les choses n’auront aucun mal à rendre leur nom véritable aux protagonistes de ce livre, Marc, Mathias, Kandel, Mat, les petites cailles qui faisaient la rue Michelet, etc. Nous attendions, sans trop y croire, l’ Autant en emporte le vent de l’Algérie française ? Le voilà ! L’action commence en 1930 – année du centenaire de l’Algérie française – dans un modeste appartenant du centre d’Alger. Avec la naissance, dans deux familles
voisines de palier, de Marc et Mathias, nés à quelques minutes d’intervalle. Paul et Kader, les héros de Norbert Multeau, étaient des marmoursets d’un petit village de « colonisation » de l’Est algérien. Marc et Mathias sont deux gamins de la « capitale » qui, poussés par les événements, vont découvrir leur pays natal et apprendre à l’aimer.
Jusqu’à être prêts à donner leur vie pour le défendre. Une adolescence heureuse. Des études où ils croiseront le philosophe Jacques Derrida (sur lequel Jean Taousson prépare un livre iconoclaste). Des amours de paille (de feux de paille, plus exactement). Et les événements. De la Toussaint Rouge à l’Exode. Les deux complices que rien (ou presque) ne pourra séparer seront plus que des témoins : des acteurs au rendez-vous de l’Histoire. Tout se termine, comme dans l’incendie d’Atlanta dans Autant en emporte le vent , par le feu, les balles, la mort, la défaite. La vie et la mort d’un peuple sacrifié au vent mauvais soufflé par De Gaulle et ses sbires. On ne sort pas intact de la lecture d’un tel livre.
Alain Sanders
LIBRAIRIE DE NEUILLY-PLAISANCE
15,AVENUE FOCH