Pas de larme ni de pitié ! Nous en étions tous d’accord : l’auteur, l’interprète et moi-même.
La situation suffit pour la dramaturgie : les derniers moments de Marie-Antoinette, les derniers moments d’une femme, veuve dont on a pris les enfants.
Cette dernière matinée, Marie-Antoinette l’occupe à écrire une lettre à Elisabeth, son amie, son âme-sœur, la compagne des jours heureux et des autres jours…
Dans ses réflexions entre quatre murs, elle évoque son arrivée en France, ses amis, la politique, les arts, les machinations de la cour, son arrestation et ce nouveau temps plein de violence, de mensonge et d’impuissance.
C’est une femme vivante, qui étonne par sa lucidité, par sa franchise et sa naïveté sur bien des points. Élevée, dès son plus jeune âge, pour être la Reine de France, instruite dans notre langue et dans l’amour de la culture française; c’est une adolescente ravie, qui arrive dans ( ce ) son nouveau pays , qui monte sur le trône, sans en connaître toutes les responsabilités.
Comment lui en vouloir ? Comment légitimer toutes les violences et les insultes qui lui sont faites cette année 93 ? Comment supporter l’élimination systématique de ses amis, dont la plus grande faute est de lui être restés fidèles ? Qui peut mériter un tel traitement ? Pour l’endurer, il lui faudra le caractère d’une Reine, l’exemple d’un bon mari, l’espoir dans la survie de ses enfants.
Ce monologue est sans parti pris, mais historiquement exact, sans fioriture ni mea-culpa : juste les derniers moments d’une femme… presque comme les autres.
Elisabeth CAPDEVILLE
Du 16 au 19 septembre 2010 à L’Escale, Petit Théâtre de l’Odyssée, 25 rue de la Gare, Levallois Perret (92300)