Même s’il faut replacer les Croisades dans leur contexte, il est insuffisant de se limiter à une justification par la mentalité de l’époque.

De la mort du Prophète Muhammad jusqu’au 10e siècle, la colonisation politique et culturelle, des arabes musulmans anéantit les peuples chrétiens de l’empire Byzantin – de Constantinople au Caire, ainsi que de l’Afrique du Nord chrétienne. Les Francs arrêteront en 732 à Tours et Poitiers (France) l’invasion coloniale musulmane.

Ainsi déjà les peuples chrétiens connaissent les ambitions culturelles et politiques de l’Islam.

En l’an 1010 : le sultan Hakim détruit le Saint-Sépulcre et les églises de Jérusalem. Pour ce fait certains disent, aujourd’hui, qu’il était fou. Cette action " sacrilège " émeut quelque peu l’Occident chrétien, déjà bien averti depuis 732

1071 : l’Empire byzantin est menacé par l’avance des Turcs musulmans. L’Occident chrétien commence à vouloir réagir afin de pouvoir librement se rendre à Jérusalem et sur les pas des saints Apôtres ; à cette fin en…

1095 : au Concile de Plaisance : le pape Urbain II se concerte avec les envoyés de l’empereur byzantin Alexis Comnène. Le 27 novembre 1095, Urbain II invite clercs et chevaliers à prendre la route du Saint-Sépulcre.

1099 : Le 15 juillet prise de Jérusalem par les Croisés. Le sang répandu dans Jérusalem, ne fut pas plus rouge que celui de Constantinople en 1453, lors de la prise de cette ville parc les Turcs musulmans.

1146 : Seconde Croisade prêchée par Saint Bernard, à la suite de la perte du royaume latin d’Edesse et la progression de reconquête coloniale musulmane.

1187 : Jérusalem est reprise par Saladin, etc…

La Croisade, c’est donc la riposte de la chrétienté solidaire à l’agression dont elle pense avoir été l’objet de la part des musulmans, suite à la destruction du Saint-Sépulcre.

Depuis le VIIé siècle, le croissant a chassé la croix d’une moitié du monde connu, et colonise particulièrement l’Afrique du Nord chrétienne (Tunisie, Algérie),l’Egypte, l’empire Byzantin etc, sans oublier l’Espagne. Au premier signe de faiblesse de l’Islam, la chrétienté occidentale, en plein renouveau, s’ébranle pour reconquérir les positions perdues et libérer le tombeau du Christ. Est-ce un mal ? Quelle serait l’attitude des gouvernement islamiques, des peuples musulmans, si La Mecque tombait aujourd’hui entre les mains du Peuple Juif ou de l’Amérique du Nord chrétienne ?

Si l’Eglise comme société spirituelle n’a pas à se défendre, sinon par les armes de la conviction ; la chrétienté doit-elle toujours accepter d’être la victime des forces qui la menacent ? Saint Sophrone, évêque de Jérusalem, avait livré la Cité Sainte qu’il ne pouvait, ni ne voulait défendre, Godefroy de Bouillon la reconquiert au nom du Christ ; il est bien difficile de décider si l’un avait tout à fait raison et l’autre tout à fait tort : l’une et l’autre position ont entraîné des deuils et des ruines.

La défense des lieux saints, vers lesquels s’acheminent les pèlerins depuis les premiers temps de l’Eglise, et la défense des pèlerins eux-mêmes, apparaît comme un devoir de la part de la chrétienté. Nous reconnaissons qu’en réalité, si cette raison de défense fut principalement invoquée lors des deux premières prédications des Croisades ;il y en eut de moins avouables (en particulier la 4é ; la honte ineffaçable), qui furent condamnées par les papes. L’Eglise ne pouvait pas toujours endiguer le flot des intérêts et des passions politique, commerciales entre les royaumes et autres états (Venise, Gênes, par exemple et les ambitions personnelles de quelques grands féodaux d’Occident). Seules les deux premières croisades furent encouragées implicitement par des prédicateurs de l’Eglise.

Le trait commun qui définit le mieux cette chrétienté sur le pied de guerre est bien cette expatriation et cette ouverture sur un monde mal connu, ainsi que la mobilisation spirituelle qui la fonde : au vœu du croisé risquant sa vie pour le Christ, répondait la possibilité d’obtenir des indulgences, des avantages " matériels ", comme la protection que l’Eglise assurait sur la famille et les biens des croisés.